Les démons de minuit te rattraperont toujours mon petit (Suite 4)

Marco se jouait de lui bien entendu car John était passé le voir pas plus tard que la semaine dernière. Pourtant quand il le voyait, il avait toujours l'impression que cela faisait une éternité qu'il ne l'avait pas vu.

John était content de le revoir et se rappelait que cela faisait bientôt quatre ans qu'il s'était lié d'amitié avec lui. Une rencontre parfaitement insoupçonné, quatre ans plus tôt, John se promenait dans cette même rue, à la recherche d'un lieu original, où il pourrait passer quelque soirées peinard loin de son piètre appartement. Il cherchait un endroit où la musique était enivrante et percutante, il aimait beaucoup le son des guitares électriques, le blues rock, le heavy metal. Malheureusement, il n'était jamais tombé sur un lieu qui rassemblaient tout ses particularités et qui ne soit pas rempli de gosses de seize ans qui cherchent à se gaver de paradis artificiels loin du regard condescendant de leurs parents. Un jour, il tomba sur la perle rare sans même le savoir, le quartier semblait mal famé au premier abord car mal éclairé, mais John sentait qu'il y avait une véritable mine d'or derrière la vieille porte en bois qui lui faisait face, il poussa la porte comme s'il pénétrait dans un espace secret, il avait l'impression d'entrer dans une dimension parallèle, à l'intérieur, un couloir vide, une odeur de renfermé, quand il avançait l'écho de ses pas raisonnait dans le corridor. Il était seul et ce n'était pas très étonnant car il n'y avait aucune pancarte à l'entrée. Quand on s'introduisait dans le couloir de l'immeuble qui menait aux escaliers tournants, on pouvait apercevoir sur le côté droit une seconde porte beaucoup plus petite, sur celle - ci une feuille format type A4 avait été collé à la hâte et une écriture brouillonne mentionnait "La Giclée Rouge (bar et lieu de plaisir)", curieux mais attirant pensa John. Il toqua, il n'entendit rien, il posa son oreille droite sur la porte afin d'entendre s'il y avait du mouvement à l'intérieur, il entendait vaguement les accords d'une guitare acoustique.

" Eh ho, y a quelqu'un là-dedans ? C'est ouvert, fermé ?"

Quelqu'un ouvrit la porte, à ce moment - là, John aperçut un grand black aux yeux marrons clairs lui ouvrir.

"C'est pour quoi ? Le bar est pas encore ouvert comme vous pouvez le voir, le weekend ça ouvre plus tard, je suis entrain de me détendre avant que les filles arrivent. Vous voulez réserver ? C'est pour un enterrement de vie de garçon ?" dit - il d'un ton monotone tout en lui tendant sa carte de visite.

John réceptionna et lui répondit : "Pas vraiment, en fait je passais dans le coin par hasard, j'aime bien découvrir de nouveaux spots urbex, c'est devenu une passion nocturne depuis que j'arrive plus à fermer l’œil de la nuit. Je cherchais un coin sympa pour me poser et discuter en écoutant de la musique instrumentale, j'ai entendu les accords de ta gratte à travers la porte, et je me suis dis, pourquoi pas toquer, t'es un zicos ? ".

"Ouais, je joue de la gratte depuis que j'ai douze ans, mes parents étaient ouvriers, ils avaient pas assez de pognons pour que je poursuive en conservatoire, pourtant c'était mon rêve. T'aime l'urbex nocturne toi ? T'es étrange comme mec, mais t'as l'air sympa, pis on a un point commun, on est insomniaque tous les deux. Je dors plus à cause du taff...Une fois j'ai bien essayé de m'absenter du bar pour pioncer une heure, mais Isa m'a appelé en panique vingt minutes après mon départ, un connard commençait à emmerder une de mes danseuses, ce sont pas des escorts... Encore un débile qui a pas compris que la maison propose un show artistique musical et rien de plus, il faut respecter un minimum les filles. Exaspérant je te jure, résultat, je suis obligé d'être présent pour réguler la température, sinon ça dérape".

"Le milieu de la nuit c'est un autre univers, j'ai été barman pendant quatre mois, j'étais bon mais j'arrivais pas à tenir la cadence, mes collègues sniffaient rails sur rails pour rester réveillé et productif toute la nuit, moi la coke c'est pas tellement mon délire, je préfère un bon verre de scotch, quand je me prenais une pose clope je partais toujours avec un petit verre, un jour je me suis fais gauler par le grand patron, il a même pas cherché à comprendre, il m'a foutu à la porte directe, c'était pas le genre causant".

"Quand on bosse dans un bar vaut mieux éviter de taper dans ce qui est réservé à la clientèle, sinon tu fais rapidement couler la boîte...Pour ça que j'y touche pas, toute façon l'alcool, j'ai complètement arrêté depuis que j'ai ouvert la giclée,pis je t'avoue que ça me manque pas tellement, ça me rendait con et impulsif, maintenant, je suis parfaitement lucide et concentré sur tout ce qui se passe, je suis devenu limite maniaque,faut que tout soit organisé pour que ça file droit, sinon c'est un merdier sans nom et rien ne marche comme prévu. Moi c'est Marco,toi c'est comment ? "

"John !"

"Sinon tu peux entrer, ça fait une plombe qu'on discute sur le pallier, y'a plus confortable à l'intérieur, tu verras, j'ai composé un nouveau morceau, je te fais écouter ça, si ça te botte."

"Carrément ! En ce moment j'écoute que des vieux classiques rock, les Pink Floyd, Guns N' Roses, Led Zeppelin et compagnie, ça me changera d'écouter du neuf."

Leur amitié avait commencé comme ça,depuis, John passait environ une fois par semaine dans le bar de son ami pour boire un verre, discuter, apprécier la musique. Quand Marco était disposé, il jouait même une de ses impros, c'était toujours un grand moment.

"Mec, eh oh mec ! Tu fou quoi ? Pourquoi t'es planté devant la porte ?"

"Merde, j'étais ailleurs, en ce moment c'est pas l'éclate, je suis en congé et je fou plus grand chose de mes journées, je suis un peu amorphe, désolé Marco...".

"Bah qu'est -ce t'attends entre, je te sers un verre de scotch comme d'hab ?"

"Si t'as une pinte de blonde, ça me dit mieux, faut que je réduise les alcools forts."

" Ok, viens je te sers ça, il faut que je te parle d'un truc, une jeune est venu me demander du boulot avant que t'arrives mais je l'a trouve bizarre, elle m'a filé ses coordonnées, elle habite dans ton quartier apparemment, peut être que tu vois qui c'est."

" Je suis devenu ermite, je connais plus grand monde maintenant, c'est quoi son prénom ? Elle ressemble à quoi ta gonzesse ?"

" Pas très grande, les cheveux plutôt longs, couleur arc en ciel, je crois que c'était Jessy, non... Jessica son prénom, c'est ça ! ".

"T'es sérieux ? Je crois que c'est la voisine qui a emménager dans mon immeuble récemment avec son mec, elle est danseuse ?"

"Non j'ai pas l'impression, elle veut apprendre sur le tas avec les filles déjà en place dans la boîte. Elle est dans la merde à priori, elle cherche un taff, elle m'a l'air un peu trop dans l'urgence et pas très expérimenter pour faire du strip. Je trouve ça louche, elle était vachement sûre d'elle, ça m'a fait flipper de la part d'une gamine de vingt ans, je lui ai dis que je savais pas, que j'avais besoin de réfléchir, que je l'a rappellerai dans la semaine".